Difficile de rompre le silence, compliqué de reprendre ma plume après ces derniers jours de cauchemar. Perdu l’appétit, l’envie de cuisiner, la force d’écrire.
J’habite à quelques mètres de La Belle Equipe, mes proches travaillent dans l’immeuble jouxtant la Bonne Bière où ils boivent des cafés tous les jours, le Petit Cambodge on y est tout le temps attablés, hésitant toujours entre le bobun et ses nems croustillants, la soupe parfumée ou le natin, et puis on s’amuse à y dessiner notre commande pour se retrouver sur le wall of fame, et puis le Carillon, ce vieux bar où on fête tous nos anniversaires et où on renverse innocemment nos bières partout. Et puis mes potes fans de musique, de rock, qui nous auraient peut-être trainé au Bataclan ce soir là. Ce soir là, on aurait pû être dans n’importe quel de ces endroits. On était pas bien loin. Les mille messages de proches affolés. La folie entêtante des sirènes. L’attente interminable. L’angoisse, la peur, celle d’y passer ou de perdre un ami. Courir se réfugier ailleurs, sursauter à l’approche d’une voiture. La terreur que j’ai vécue ce soir là reste pourtant incommensurablement infime comparée à celle qu’ont dû vivre les victimes, les témoins, les blessés, les rescapés, et leurs proches, leurs familles.
Je sais que ces quelques mots sont empreints d’une immense tristesse et sont probablement maladroits, mais j’avais du mal à reprendre le cours du blog comme si de rien n’était, parce que tout ce qui s’est passé me touche profondément et nous touche tous à notre manière. Mais il faut que l’optimisme reprenne le dessus. J’ai envie de vous envoyer plein de mots d’amour et d’espoir, de vous faire de gros câlins, de vous faire à manger des bons plats de comfort food, et puis qu’on se remette à sourire, à rigoler, à picoler, à danser, à vivre quoi, mais sans oublier. Qu’on se remette debout plus forts que tout.
De l’amour. De la paix. Du courage.